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2012, France et Espagne, autour du Canigou
2012, France et Espagne, autour du Canigou
Nous voilà partis pour un court séjour en pays Catalan, à la frontière entre la France et l'Espagne, où trône le majestueux massif du Canigou. Et je rajouterais même le "célèbre" Canigou car deux fois par an les amateurs de la région marseillaise tente le challenge de l'apercevoir sur l'horizon depuis l'autre bout du golfe du Lion, malgré une distance de séparation de près de 250 km ! Cette observation est rendue possible grace à la réfraction atmosphérique qui redresse les images et nous permet d'entrevoir des reliefs qui normalement sont situés en dessous de l'horizon à cause de la rotondité de la Terre. Pour tout savoir de ce phénomène n'hésitez pas à rendre visite à ce site :
http://canigou.allauch.free.fr/index.html
Depuis l'autoroute qui mène vers Perpignan je reconnais dessuite sa silhouette que j'avais pu photographier en février 2011 depuis les collines de la Batarelle au dessus de Marseille.
Le Canigou sous un ciel du couchant flamboyant
Le Soleil se couche derrière le Canigou vu depuis Marseille
Comparez la silhouette du massif vu depuis Marseille avec celle prise depuis la route de Perpignan
Notre première destination est le joli port de Collioure, c'est là que nous poserons nos valises, dans le sympathique hôtel de l'Arapède qui se situe en bord de mer.
Se promener en cette saison dans ce joli village aux façades colorées est très agréable, il y a peu de monde et puis la météo est avec nous cette fois-ci car il fait très beau et la température semble printanière.
Le chemin de bord de mer nous amène à longer la muraille du fort Royal, ancienne résidence d'été des rois de Majorque au 13ème siècle et qui fut transformée en place forte par Charles Quint. le royaume de France parvint à le conquérir sous le règne de Louis XIII en 1642. Des personnages illustres comme Turennes ou Dartagnan (et les mousquetaires) prirent part au siège.
Le château Royal de Collioure
Les bateaux de pêche sont eux aussi hauts en couleur.
L'après-midi nous filons vers la vallée d'Aspres afin de visiter de très anciennes abbayes situées sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. La première, Saint-Michel de Cuixa est située au pied du Canigou.
Cette abbaye est de style roman, elle est célèbre pour son magnifique cloître du 12ème siècle et son clocher lombard de 33 mètres de haut (11 ème siècle). A l'origine il y avait deux clochers mais le plus au nord des deux s'est effondré après une tempête de l'hiver 1838-1939.
Sur le chemin du retour nous décidons de faire un détour en direction du prieuré de Serrabona, une église du 10ème ou 11 ème siècle très isolée, perdue au milieu des collines et masquée jusqu'au dernier moment par la végétation dense de ce coin de la vallée de Boulès.
Son aspect extérieur est plutôt austère et pas forcément très attrayant, mais ses murs de pierres sombres cachent de véritables trésors qui font d'elle l'un des chefs d’œuvre de l'art roman.
Serrabona est entourée d'un jardin botanique où son présentées de nombreuses espèces méditerranéennes
L'entrée de l'église donne directement sur un tout petit cloître dont les colonnes sont surmontées de chapiteaux décorés comme à Saint-Michel de Cuxa. Celles-ci sont peu nombreuses mais elles sont très bien conservées.
L'originalité de Serrabona vient surtout de sa tribune qui divise la nef en deux parties d'une façon bien élégante. En effet cet interlude est coiffé de splendides voûtes en ogives qui prennent appui sur de belles colonnes en marbre rose de Conflent.
Cette structure est richement décorée, on y retrouve de nombreux symboles : Le lion symbole de Marc est placé à côté de l'aigle de Jean. A l'opposé, le taureau symbole de Luc, avoisine l'homme ailé de Mathieu. En fait ces décors "mettent en scène" des extraits de l'histoire religieuse chrétienne.
Le soir venu, le ciel se dégage et j'en profite pour aller observer et tester pour la première fois mon télescope Sumerian de 250 mm conçu pour le voyage. Malheureusement je part un peu trop vite et oublie le chercheur et la pince de serrage de l'axe vertical dans ma valise à l'hôtel ... Je décide d'aller m'installer sur les hauteurs de Collioure, près du fort Saint-Elme. Malheureusement celui-ci est très éclairé et génère même une pollution lumineuse vraiment conséquente.
Je m'arrête à un belvédère situé à ses pieds pour photographier Vénus, Jupiter et la Lune qui plongent vers le couchant à l'ouest, en direction de la plaine illuminée de Perpignan.
Comme cet endroit est très éclairé et qui plus est très venté je décide d'aller m'installer plus loin vers le fort Dugommier. Là je trouve un petit coin abrité et sombre avec un bon horizon dégagé vers le sud. Une mesure avec le SQM me donne une valeur de 20,40, ce n'est pas un ciel exceptionnel mais bon je vais m'en contenter.
Fin prêt pour l'observation !
Me retrouvant sans chercheur je ne vais pas m'aventurer à chercher des objets trop ardus et comme j'ai dans ma liste de cibles à dessiner l'amas de la Poupe M93 et que cette constellation apparaît bien dégagée sur l'horizon sud j'en profite pour le pointer. La vision offerte par le Nagler 22 mm est très belle, l'amas se révèle bien compact et riche de nombreuses étoiles.
L'amas ouvert M93 - Poupe
Télescope Sumerian Optic de 254 mm à 57x (Nagler 22 mm)
Fort Dugommier (66) - SQM 20,40En balayant un peu les environs de M93 je tombe sur la nébuleuse du "crâne" NGC 2467. Je l'ai déjà dessiné et je retrouve pas mal de détails déjà décelés auparavant. Je me souviens qu'il y a un petit amas pas loin d'elle et en cherchant un peu je fini par lui tomber dessus. Il s'agit de Trumpler 9. Ce dernier est beaucoup moins riche que M93 mais sa configuration le rend plutôt esthétique.
L'amas ouvert Trumpler 9 - Poupe
Télescope Sumerian Optic de 254 mm à 57x (Nagler 22 mm)
Fort Dugommier (66) - SQM 20,40Un dernier petit tour vers l'amas M46 et sa nébuleuse planétaire NGC 2438 et je commence à plier le matériel car demain on part en Espagne et il y a pas mal de route à faire.
Deuxième jour de balade : Direction Figueras en Espagne.
Arrivés dans la ville nous nous installons près du fort San Fernando pour un pique nique sympa. Tout autour des fortifications il y a un sentier de promenade qui offre de jolies vues sur l'édifice.
Le massif du Canigou se détache sur les murailles du château San Fernando.
Mais l'objet de notre visite à Figueras c'est principalement le musée de Dali. Pour tous ceux qui apprécient l'art mais surtout l'originalité et l'inspiration d'un artiste à l'imagination débordante et sans limites je le conseille vivement ! Lorsqu'on a décidé de s'y rendre on ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi riche, et aussi bien mis en scène. Ce musée c'est un monde à part, troublant, on se croirait dans Alice au pays des merveilles...!
Avec le musée Dali le spectacle commence à l'extérieur, dès le premier virage !
Dali n'est pas seulement un peintre, il a également réalisé de nombreuses sculptures et compositions. Une des plus étonnantes a été spécialement créée par l'artiste pour son musée de Figueres, il s'agit de la salle Mae West. Le mobilier de ce salon (un sofa, une cheminée et deux tableaux) prend la forme du visage de l'actrice américaine dès que l'on s'éloigne et qu'on prend de la hauteur sur un petit pont mis à disposition des visiteurs.
La salle Mae West, une oeuvre en 3 dimensions réalisées en 1974.
Ce qu'il y a de génial avec les œuvres de Dali c'est qu'elles sont réellement ludiques. Celle présentée ci-dessous représente Gala, la femme de Dali, qui contemple de dos la Méditerranée. Dès qu'on prend du recul le tableau se transforme et révèle un portrait, celui d'Abraham Lincoln ! N'hésitez pas à agrandir la photo du blog pour tester cet effet.
Gala contemplant la mer Méditerranée / portrait de Lincoln (1974).
Je ne pourrais pas vous exposer ici tout ce que l'on a vu d'intéressant car pour tout vous dire on y a passé 3 heures et on n'a pas vu le temps passer. En tout cas si vous allez du côté de Figueras n'hésitez pas à y faire un tour.
Dernier coup d'oeil en partant à la façade suréalliste du musée Dali.
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