• Le dessin astronomique

    Le dessin astronomique

     

    Le dessin astronomique est l'une des plus anciennes techniques utilisée par les astronomes pour consigner leurs observations. Cette technique était un peu tombée en désuétude avec l'avènement de l'astrophotographie argentique, puis numérique, aidée par la démocratisation de matériels performants. Puis, depuis quelques années, sous l'impulsion de quelques astro-dessinateurs comme Yann Pothier (fondateur de la revue Ciel Extrême) et de Serge Vieillard (initiateur de rencontres astro-dessin en France) cette discipline est revenue au devant de la scène. En effet, nous voyons avec bonheur de plus en plus de dessins sur les forums et dans les revues astronomiques, et de nombreux observateurs débutants s'y mettent.

     

    Pourquoi dessiner?

     

    Il est vrai qu'en voyant les belles photographies du ciel profond qui sont publiées régulièrement, il est très tentant d'essayer d'en produire soit même. Même si l'astrophotographie est une activité des plus passionnantes, elle demande beaucoup de rigueur technique (faire une mise en station parfaite, maîtriser le suivi et corriger les erreurs périodiques, parfaire la mise au point, réaliser les darks et les flats, maîtriser les logiciels de traitement d'image...), beaucoup de patience, et un certain investissement financier (caméra CCD ou APN, monture équatoriale motorisée...) afin de parvenir des résultats corrects.

     

    A contrario, le dessin ne nécessite que peu de matériel, une planche à dessin, du papier, et des crayons! On peut dessiner avec un instrument motorisé ou non, et sa mise en œuvre est simple et immédiate. Je tiens également à préciser que le dessin astronomique n'a pas grand chose à voir avec le dessin d'art, et comme le dit si bien Yann Pothier il est nul besoin d'être Picasso pour savoir dessiner nos petites taches floues. Bien sûr, les dessins sont bien souvent moins spectaculaires qu'une photographie du ciel car nos yeux sont bien moins sensibles aux objets peu lumineux qu'une matrice CDD, mais ils sont beaucoup plus proches de ce que l'on voit réellement dans nos instruments. Aussi belles que soient les astrophotographies, elles ne sont que les témoignages d'une réalité différente de celle dévoilée par nos yeux. En fait les deux disciplines sont parfaitement complémentaires, l'une montre ce qu'un humain peut percevoir de l'Univers avec ses propres yeux, et l'autre permet de pousser les investigations en révélant l'invisible grâce à sa sensibilité accrue.

     

    Personnellement, j'ai une préférence pour le dessin car j'aime le contact direct avec le ciel, communier avec l'Univers. Par le passé j'ai fait de l'imagerie CCD, puis de la photo numérique, j'ai eu une grande satisfaction à voir apparaître sur les écrans de belles images, mais je restais frustré car au final je n'observais qu'un écran et pas le ciel. Comme le dit Gilles Meuriot, astronome amateur aixois, j'éprouve plus d'émotion en voyant un vrai lion à 40 mètres, qu'une photo de lion prise à bout portant. A l'heure actuelle j'ai choisi un compromis entre les deux, j'observe visuellement et dessine avec un Dobson, et je fais de la photo avec un téléobjectif installé sur un petit équatorial pendant que j'observe, afin de photographier les grands champs stellaires que je trouve assez splendides.

     

    Comment dessiner?

     

    Pour réaliser des dessins du ciel profond on n'a pas besoin de grand chose et il existe de multiples façons de s'exécuter. Mais la plupart du temps il faut commencer par trouver un support pouvant accueillir la feuille de dessin, c'est à dire une planchette. Celle-ci, quelle soit rudimentaire ou sophistiquée, doit surtout être rigide et légère, afin de pouvoir la tenir dans la main durant le dessin sans se fatiguer. La majorité des dessinateurs vont ensuite utiliser une feuille comportant un gabarit, c'est à dire un cercle délimitant le dessin et représentant le champ de vision à l'oculaire. Mais bien souvent on se contente de ne dessiner qu'une partie du champ réellement observé, car il ne sert à rien de perdre du temps à représenter toutes les étoiles visibles, au risque de rendre la tache fastidieuse, surtout à faible grossissement. Lorsqu'on débute on a tendance à dessiner "petit", donc on utilise une feuille comportant plusieurs cercles de gabarit. Mais avec le temps on se rend compte qu'on perçoit de plus en plus de détails et dans ce cas il vaut mieux dessiner plus gros afin de les restituer le mieux possible. C'est pour cette raison que mes feuilles de dessin ne comportent qu'un seul grand gabarit, bordant une zone où j'inscris mes commentaires et décris les circonstances de l'observation (date, lieu, matériel utilisé, grossissement, qualité du ciel).

     

    La tablette à dessin de Yann Pothier est très bien équipée. Elle comporte une lampe fixée directement sur la planchette, ce qui évite d'avoir à la tenir et libère ainsi une main.

     

    De mon côté j'utilise un porte document classique qui possède une poche interne où je range mes gabarits.

     

    Fiche gabarit à télécharger et à imprimer

     

    Personnellement j'utilise deux crayons différents pour réaliser mes travaux, un critérium à pointe fine pour dessiner les tout petits objets et faire des étoiles rondes et contrastées, et un crayon plus gras (Hb) pour représenter les zones nébuleuses. Les coups de crayons et les bordures trop vivent des objets seront par la suite estompées à l'aide du doigt soigneusement lavé au préalable. Si la zone à estomper est grande, on peut également se servir d'un bout de papier buvard. Je dessine sur fond blanc (donc en négatif), je scanne le dessin, puis je passe en positif numériquement grâce à un logiciel de traitement d'images (Paint Shop Pro).

    Je précise également que je remets toujours mes dessins au propre car les originaux réalisés directement sur le terrain sont souvent dégradés par l'humidité et sont moins soignés (coups de crayons marqués et étoiles pas très rondes...) du fait que lorsqu'on observe la nuit on n'est pas tranquillement installé sur une table en pleine lumière comme à la maison.

     

    Technique de dessin en vidéo :

     

    Voici une vidéo d'introduction au dessin du ciel profond réalisée par Jeremy Perez, elle est en anglais mais elle est très bien illustrée :

     

     

    Le choix de l'éclairage :

     

    Quand on dessine l’œil à l'oculaire, il est très important d'éviter l'éblouissement, sous peine d'attendre plusieurs minutes d' accoutumance de l’œil lorsqu'on retourne à l'oculaire après chaque coup de crayon. Le choix de la lampe est donc primordial. Celle-ci doit être rouge ( car l’œil est moins sensible à cette couleur la nuit) et pas trop puissante. Après avoir essayer plusieurs modèles j'ai trouvé mon bonheur avec la lampe Rigel Starlite qui permet grâce à une molette de régler l'intensité de la lumière émise par sa LED. Cette lampe est pratique, mais elle est également économique car la LED rouge consomme très peu d'énergie, ainsi avec sa pile de 9V elle bénéficie d'une autonomie de plusieurs dizaines d'heures. Certains observateurs préfèrent utiliser une lampe à lumière verte très faible, mais comme il s'agit de la couleur correspondant au pic de sensibilité de l’œil la nuit, si vous optez pour cette solution il faudra vraiment veiller à ce qu'elle soit peu lumineuse.

     

    La luminosité de la lampe rouge Rigel Starlite est réglable en intensité, ce qui est très pratique pour éviter l'éblouissement

     

     

    Le guide de  l'astrodessinateur

     

    Notons qu'un ouvrage complet sur l'astrodessin vient de paraître chez Axilone, il ne va pas tarder à devenir une référence en la matière et symbolise à lui tout seul la très bonne dynamique actuelle de notre  discipline :   

     

    Pour le commander : http://www.astrodessin.com/