A l'occasion de "l'international asteroïd day" qui se tenait le lundi 30 juin, j'ai sorti le Celestron 9 (235 mm pour montrer la Lune au public à l'observatoire de Marseille et explorer les reliefs lunaires et notamment les cratères d'impacts météoritiques. Pour cette première session d'imagerie lunaire avec le CPC925 et la caméra Altaïr GPCAM3 290M, j'ai droit à un croissant de 5,6 jours et notre satellite naturel se trouve à 391767 km de la Terre. Ce soir l’atmosphère paraît dans l'ensemble plutôt stable, mais pour figer au maximum la turbulence j'ai quand même choisi d'imager en infrarouge avec le filtre Antlia Planet IR à 685 nm.
Je commence la visite par le double cratère Messier situés dans la Mer de la Fécondité (Mare Fecunditatis). Ces cratères jumeaux apparaissent allongés, ce qui témoigne d'un angle d'impact très faible. Ils sont bordés à l'ouest de deux lignes d'éjectas clairs, indices de la relative jeunesse des chocs qui les ont formés. Ces derniers s'étendent sur près de 100 km à travers la plaine. Messier A mesure 16x11 km, il est lui-même constitué d'un double cratère. Son voisin, Messier, est le plus étiré des deux, il mesure 15x8 km. Nous sommes donc en présence d'un triple impact avec trois morceaux d'astéroïdes qui se sont écrasés sur la Lune. Notons également la présence d'un réseau de failles dans le secteur des cratères très érodés Goclenius (54x72 km) et Gutemberg (74 km). Rimae Goclenius s'étire sur une zone de près de 200 km de long. L'une d'entre elles traverse le cratère Goclenius de part en part.
Je poursuis la promenade lunaire avec le grand cratère Langrenus (132 km) qui se situe en bordure orientale de la Mer de la Fécondité (Mare fecunditatis). Ce cratère possède des remparts impressionnants qui dominent la région avec une altitude de 2700m. La paroi interne de Langrenus est large et irrégulière, la pente se décline en terrasses. Au centre du cratère, trône un massif montagneux composé de deux sommets hauts de 1 000 m environ.
Toujours dans l'hémisphère sud, mais cette fois-ci dans une zone très cratérisée, voici la grande vallée rectiligne de Rheita qui s'étire entre les grands cratères Rheita (70 km) et Metius (88 km). Cette longue vallée lunaire érodée par toute une série d'impacts s'étend sur plus de 500 km, sa largeur varie entre 20 et 30 km selon les endroits. Son origine serait liée à la formation du bassin d'impact de la Mer du Nectar (Mare Nectaris) il y a 3,8 à 3,9 milliards d'années. A l'est de Vallis Rheita ne manquez pas de jeter un coup d’œil à l'étrange cratère allongé Rheita E (66x32 km). Il résulte probablement d'un impact rasant. Dans le coin de l'image, en bas à droite, l'observateur attentif remarquera une petite falaise discrète et rarement mise en avant, il s'agit de Neander Fautl (77 km de long).
Près du bord sud-est, je jette également un coup d’œil au grand cratère Janssen (190 km). Il se serait formé suite à l'impact d'un astéroïde de 10 km de diamètre avec le sol lunaire. Son enceinte est entrecoupée par de nombreux autres cratères, ce détail témoigne de sa grande ancienneté. Notons que sur l'image la longue rainure qui parcours le fond de sa plaine est parfaitement visible.
Je me rapproche maintenant du limbe nord-est de la Lune. Les cratères Hercules (71 km) et Atlas (87 km) apparaissent accompagnés par le grand cratère Endymion (122 km). Ce cratère d'impact à fond plat présente des taches foncées qui sont le témoignage de l'existence d'anciennes coulées de lave dans cette zone. De telles traces sombres sont également visibles dans le cratère Atlas. Ce dernier abrite également de petites failles qui parcours le fond du cratère. Les deux rainures principales (rimae Atlas) commencent au niveau du bord sud-est de la muraille, pour ensuite se ramifier en deux grands arcs en direction du nord-ouest.
Pour une expérience encore plus immersive et pour compléter les observations, j'ai amené à Lune jusqu'à moi ! En effet j'ai reçu une nouvelle pièce pour ma collection de météorites, une Laayoune 002, un fragment de roche lunaire découvert au Sahara Occidental en 2022. Il s'agit d'une achondrite brèche feldspathique, elle fut éjectée de la Lune à la suite de l'impact d'un astéroïde et à fait le voyage jusqu'à la planète voisine, la Terre. L'origine lunaire est établie en comparant la minéralogie, la composition chimique et la composition isotopique de ces météorites à celles des échantillons prélevés sur la Lune par les missions Apollo.