• Chili 2003 : Premier contact avec le ciel austral !

    Voilà quatre ans que l’on essayait d’organiser un voyage vers l’hémisphère sud. La difficulté de coordonner les vacances de chacun et le coût des voyages vers certaines destinations comme l’île de la Réunion ont durant ces années coupés court à tout nos rêves de ciel austral. Jusqu’à cet été 2003 où un 22 juillet, nous avons quitté l’aéroport de Marseille Provence avec en poche un billet pour… Santiago du Chili !

    L'observatoire du Cerro Tololo au Chili

    Ce choix paraît pour tout astronomes amateurs quelque peu averti tout à fait naturel car, qui n’a jamais entendu parler de la qualité du ciel de ce pays, des grands observatoires que les professionnels ont fait bâtir là bas, tout cela fait rêver. Mais le Chili c’est loin, on ne sait pas grand chose de la vie dans ce pays, alors on hésite, on se dit qu’aller observer là bas c’est monter une véritable expédition….

    En fait un petit tour sur internet vous prouvera le contraire. Les sites chiliens sont nombreux et mettent bien en valeur le pays, du coup nous pouvons commencer à préparer le voyage depuis la maison. D’ailleurs nous n’avons pas eu de mal à trouver un hébergement grâce au site web attrayant et très complet de l’hacienda los Andes. En surfant nous découvrons que cette hacienda tenue par des Européens se trouve juste dans la région qui nous intéresse, el Chico Norte (le petit nord), située au sud du désert de l’Atacama, non loin de la station balnéaire de la Serena et des observatoires du Cerro Pachon (qui abrite le 8 mètres Gemini South) et du Cerro Tololo. En plus le cadre à l’air vraiment paradisiaque et convivial, alors c’est parfait, je réserve! Nous allons également trouver un loueur de voiture pas trop cher, l’agence Costanera qui, en plus d’offrir des tarifs intéressants livre la voiture à l’aéroport! Grâce aux échanges par mail nous parvenons également à négocier un mode de paiement intéressant pour la location de notre pick up Nissan D21 quatre places: En payant en dollar US nous ne payons pas l’IVA (la TVA chilienne). Nos préparatifs ont pu rapidement avancer grâce à internet, mais aussi grâce aux précieux conseils de Marc Cesarini , qui a eu la joie de fouler le sol chilien quelques mois avant nous, et que je tiens vraiment à remercier pour sa gentillesse et sa disponibilité.

    Jean-Luc au volant de notre Nissan D21, près à attaquer les pistes cahoteuses du Chili

    Nous voilà donc rassurés avant de partir. Il ne nous manque plus qu’à régler le problème de l’équipement : Mes amis, Jean Luc Pugliesi, Denis Verney, et Maxime Spano, se préparent à faire de la photo alors ils décident d’emporter une monture GP munie d’une platine pouvant accueillir plusieurs appareils photos en simultané ainsi qu’ une lunette FS 78 mm pour le suivi. Quant à moi, je compte privilégier le dessin, et comme je préfère partir léger, je choisis d’emporter un bon trépied photo et ma lunette courte FS 60 mm. En fait, la compagnie sur laquelle nous voyagerons (Lufthansa) n’est guère contraignante pour ce qui est du poids des bagages. En effet, elle autorise deux bagages à main et deux bagages en soute, sans être trop regardante sur la lourdeur des sacs, à condition que l’on n’exagère pas bien sûr.


    Quelques semaines plus tard nous voilà partis! Le vol sur lequel nous embarquons nous emmène de Marseille à Francfort, puis de Francfort à Santiago avec une escale d’une heure à Sao Paulo (Brésil). En tout nous effectuerons 15 heures de vols. Avec l’excitation du départ, l’aller nous semble moins long que ce à quoi on s’attendait.

    De plus, une bonne partie du voyage se déroule la nuit, alors on essaye de dormir au maximum comme çà le temps passe bien entendu plus vite. Autre moyen d’oublier le temps, regarder les films diffusés dans l’avion … une tache ardue car ils sont en allemand et sous-titrés en portugais! Ne trouvant pas facilement le sommeil, Maxime et moi préférons tenter d’apercevoir quelques étoiles par le hublot. L’opération s’effectue non sans difficulté car le champ de vision est assez restreint. Nous parvenons quand même à en identifier quelques-unes… La Croix du Sud? Non! Arcturus et une partie de la Grande Ourse! Arghh!!! Elles comptent nous suivre encore longtemps celles là!? Bien plus tard, après une bonne nuit de repos et une escale, le Boeing 747 commence à s’approcher de Santiago. A ce moment là un spectacle fabuleux s’offre à nous: L’avion est en train de survoler la cordillère des Andes enneigée. La vision de ces hauts sommets à perte de vue surmontés d’un ciel bleu intense nous procure une grande émotion, car sous nos pieds, la grandeur de dame nature à l’état pur se révèle! Devant autant de beauté il faut bien avouer qu’on se sent soudain tout petit dans notre cocon d’acier volant…

    L’arrivée à Santiago vers 09h00 du matin est marquée par des formalités nécessaires, passage à la douane où on nous remet un petit papier blanc que nous devrons présenter au retour (il remplace le visa), passage au change où nous convertissons nos quelques billets en Euros en Pesos, là il faut voir la liasse que l’on nous remet, car 1 Euro correspond à 800 pesos ! Puis nous récupérons notre pick up, rien de plus facile car une personne de l’agence de location nous attend à l’aéroport avec une pancarte sur laquelle est marquée mon nom. A ce moment là l’aventure commence car une grosse journée de route nous attend. En effet, l’hacienda se trouve à 500 km au nord de Santiago. Au fait c’est dans qu’elle direction la panaméricaine qui mène dans le "chico norte" ? Hé bien au Chili s’orienter ce n’est vraiment pas compliquer, comme le pays est tout en longueur, il n’y a que deux panneaux pour sortir de Santiago: Al Sur (au sud), et al norte (Au nord) ! La traversée du pays ce jour là nous laissera un souvenir inoubliable. La panaméricaine, route interminable où l’on ne croise que quelques rares véhicules offre une véritable bouffée d’air pour les citadins habitués aux embouteillages que nous sommes! De part et d’autre de la route nous découvrons des paysages semi-désertiques de toutes beautés, des petites montagnes couvertes d’herbe rase d’un vert clair surprenant où trônent par-ci par-là de grands cactus. Et puis il y a l’océan pacifique et ses grandes vagues s’échouant sur d’interminables plages de sables fins entrecoupées de falaises sombres et de grandes dunes…

    C’est dans ces paysages idylliques que l’astronome commence à découvrir qu’il est vraiment dans l’hémisphère sud. Dans le ciel bleu nous découvrons un premier quartier de lune, tiens, là c’est bizarre, on n’avait pourtant prévu de venir au Chili durant une période sans lune! N’ayez aucune crainte, c’est en fait un dernier quartier, mais de ce côté de la Terre notre satellite naturel nous apparaît inversé ! Et puis il y a le Soleil qui nous joue des tours, voilà qu’il passe sur l’horizon nord maintenant ! Le dépaysement est total.

     La vallée d'Hurtado et la rivière du même nom qui conduit à l'Hacienda los Andes


    Vers 19h, la nuit commence à tomber, nous arrivons enfin à l’hacienda! Manuella, la maîtresse des lieux nous accueille et nous montre nos chambres. Bizarrement elle s’aperçoit en nous faisant la visite de son petit paradis verdoyant et paisible que son auditoire est distrait… Les quatre français ont le nez en l’air et les yeux qui brillent: Au-dessus du toit de l’hacienda commence à se détacher sur le fond de ciel pas encore noir les étoiles de la Croix du Sud ! Le cœur battant à vive allure, l’esprit rêveur, une petite voix intérieure nous dit que nous sommes en train de réaliser notre rêve… çà y est elle est devant nous! Soudain une voix nous ramène sur Terre, Manuella se souvient des mails échangés quelques semaines auparavant où je lui avait parlé du ciel chilien: "Ha! c’est vrai! Les quatre français… c’est vous qui faites de l’astronomie!" La voilà rassurée.

    Dégustation de Pisco Sur!
     

    Une fois installés, nous enchaînons avec un très bon repas partagé dans une ambiance très conviviale, puis à la sortie de la salle à manger, c’est la stupeur…Le ciel, d’un noir d’encre, est traversé par une Voir Lactée métallique, entrecoupée de nuages tantôt obscurs, tantôt brillant, qui lui confère un aspect déchiqueté indescriptible, une vision photographique en visuel!

    Voie lactée australe

    Photo argentique du centre galactique prise avec un objectif de 28 mm fixé sur mon vieux boîtier Zénith. Cette région apparaît dans le ciel comme un renflement très brillant de la Voie Lactée, sur lequel se détachent de complexes enchevêtrements sombres.

    Je comprends maintenant pourquoi les anciens indiens de ces contrées inventaient des légendes (à l’instar de nos constellations) à partir des nébuleuses obscures, on ne voit que çà dans le ciel ! Le comble c’est que le ciel est beau alors que l’hacienda est éclairée !!! Ici le ciel ne diffuse pas! Au zénith trône la constellation du Scorpion et le centre galactique énorme… A l’ouest, nous retrouvons la Croix du Sud, un peu plus basse, bordée par l’impressionnante masse sombre du Sac à Charbon. Au raz de l’horizon ouest, la nébuleuse d’Eta Carinae est elle aussi bien visible à l’œil nu.

    L'hacienda los Andes

    L'hacienda los Andes

    Petite randonnée dans les Andes

    Nous voilà entrés de plein pied dans notre séjour astronomique. Durant 13 jours nous allons alterner les visites de la régions le jour, et les observations la nuit. Les premières soirées nous découvrirons le ciel austral depuis le jardin de l’hacienda, car nous sommes un peu fatigués de faire de la route, puis nous partirons passer nos nuits sur un plateau désertique bordant le chemin poussiéreux de Maintenes Seron, un petit village très isolé.

    C'est ici que nous observerons !

    Nous voilà prêts pour l'observation, nous sommes bien emmitouflés car les nuits dans le désert chilien sont bien fraiches !

    La nuit tombe enfin, nous essayons de nous repérer parmi les constellations australes afin de repérer l'Octant et le pôle sud céleste, un passage obligatoire pour effectuer la mise en station de la monture Vixen Great Polaris.

    Les ballades dans le ciel austral sont un véritable enchantement, quel plaisir de se balader dans un ciel nouveau! Puis il faut dire que les nouveautés sont de tailles, des dizaines d’objets invisibles sous nos latitudes méritent le détour. Voici quelques unes de mes observations réalisées avec ma lunette Takahashi de 60 mm:

    La nébuleuse d’Eta Carinae (NGC 3372) est l’un plus beaux objets du ciel! Cette grande nébuleuse est parfaitement visible à l’œil nu, et elle occupe tout le champ à 32x. Le nuage gazeux se découpe en trois parties dont une est particulièrement contrastée, c’est celle qui abrite l’étoile Eta Carinae. Pour la dessiner je suis obligé de mettre le filtre UHC sinon les étoiles sont trop nombreuses dans le champ! Le plaisir visuel est total, et pourtant je n’ai qu’une 60 mm, qu’est-ce que çà doit donner dans un gros diamètre!!!

    La nébuleuse de la Carène (NGC 3372) - photo argentique, téléobjectif Tamron de 210 mm.

      ngc 3372 nebula

    NGC 3372 (La nébuleuse de la Carène)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 16x (LVW 22 mm) avec un filtre UHC
    Maintenes Seron (Chili)


    Non loin de la nébuleuse nous observons l’amas ouvert NGC 3532. Dans la L 60 mm, cet amas est un véritable feu d'artifice, il apparaît large, dense de dizaines d'étoiles, et il est franchement indessinable !!! On note parfaitement un étirement dans le sens E/O, et un chenal plus pauvre en étoiles qui semble le scinder en deux. La région qui entoure Eta Carinae est très riche en amas ouverts. Nombre d’entre eux rivalisent de beautés. Parmi ceux-ci je peux citer NGC 3293. Il apparaît riche, petit et très dense à faible grossissement (moins de 50x). Observé avec la L 60 mm à 25x il apparaît très compact mais bien résolu. Ses astres les plus lumineux sont de 7 et 8m. On distingue quelques doubles serrées, et quelques couleurs dans les composantes: L'astre le plus brillant au centre (6,48m) est bleuté, et la plus lumineuse du bord sud (V0361 de 7,2m) est subtilement dorée.

    ngc 3293 open cluster

      NGC 3293 (Carène)
    Lunette takahashi FS 60 mm à 16x (WA 15 mm)
    Vado Morillos (Chili)

     

    Où encore IC 2602, les fameuses Pléiades australes, qui est un bel amas, large, et formé d’étoiles brillantes. A 15x on note dans le même champ une petite tache diffuse, il s’agit d’un autre amas, Melotte 101.

    IC 2602 southern Pléiades open cluster

    IC 2602 - Amas ouvert dans la Carène
    Lunette Takahashi de 60 mm à 16x (LVW de 22 mm)
    Maintenes Seron, Chili


    Plus haut dans la Croix du Sud se trouve également NGC 4755 la célèbre boîte à Bijoux, un amas serré d'étoiles brillantes disposées grossièrement en ''V''. Dans la L 60 mm on note parfaitement l'éclat orangé de l'étoile DU Crux (7,38m) au centre de l'amas. Cette constellation est bordée par le Sac à Charbon. On repère cette grande masse sombre facilement à l’œil nu au SE de la Croix du Sud. Sa forme globale est grossièrement trapézoïdale. Seule l’étoile BZ Crux (5,31m) se détache dans cette zone en apparence vide d’étoile. Je dois dire que les nébuleuses obscures ont une autre allure sous un ciel d’aussi bonne qualité. Mes balades dans la Voie Lactée avec la lunette m’ont révélé un très grand nombre d’entre elles dans la région du Sagittaire et du Scorpion. Leur aspect est vraiment surprenant car elles n’apparaissent pas comme des zones vides d’étoiles un peu plus sombres que le fond du ciel comme chez nous. Non, au Chili elles apparaissent comme des nuages à l’oculaire, de grosses masses de poussières dont les bords sont parfaitement définis. L’impression de relief est saisissante!

    voie lactée croix du sudLa Voie Lactée, magnifique bande brillante entrecoupée de nuages sombres de poussières. La tache sombre isolée sous le centre du cliché est le fameux sac à Charbon qui borde la Croix du Sud.

    Non moins célèbre, l’une des stars du ciel austral c’est l’amas globulaire oméga du centaure, NGC 5139. Il est vraiment très lumineux, d’ailleurs il est visible sans problèmes à l’œil nu. Dans la L60 mm à 32x il apparaît énorme, très contrasté, mais quasiment uniforme. On note très facilement son étirement E/O qui lui confère un aspect elliptique. Nous l’observons ensuite avec la L78 mm et un grossissement plus élevé, histoire de voir s’il dévoile plus de détails. Et là c’est incroyable, l’amas apparaît couvert de fines étoiles et ceci sur une surface qui occupe quasiment tout le champ! sans conteste un incontournable.


      NGC 5139 (Centaure)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 32x (LVW 22mm + barlow 2x apo)
    Maintenes Seron (Chili)

    Le Centaure est une grande constellation qui abrite d’autres beaux objets. Par exemple la radio galaxie du Centaure NGC 5128 (6,8m - 25,7'x20,0'). Dans la L60 mm à 50x la bande sombre qui la coupe en deux s'est révélée en vision décalée. On note également une faible étoile sur son bord sud.

    ngc 5128 galaxy

      NGC 5128 (Centaure)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15mm + barlow 2x apo)
    Maintenes Seron, Vado Morillos (Chili)

    Mais aussi la galaxie NGC 4945 (9,3m - 20'x4'). La L 60mm permet de mettre en évidence une faible nébulosité assez étendue et clairement allongée dans le sens NE/SO. La galaxie apparaît à 15x dans le même champ que l'étoile brillante Xi 1 (4,83m).

    ngc 4945 galaxy

      NGC 4945 (Centaure)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15mm + barlow 2x apo)
    Maintenes Seron, Vado Morillos (Chili)

    Toujours dans le Centaure, voici la petite nébuleuse planétaire NGC 3918 (8,0m - 12") qui apparaît brillante et qui réagit très bien au filtre UHC. A 47x elle apparaît comme un petit disque très contrasté et bleuté.

      NGC 3918 (Centaure)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15mm + barlow 2x apo)
    Maintenes Seron (Chili)

    Je reste dans le Centaure pour rendre visite au petit amas ouvert NGC 5281 (7,3m - 9,1'). A 32x l'amas apparaît compact et lumineux, quelques étoiles de 6,5m à 8,5m forment un ligne serrée assez esthétique.

    ngc 5281 open cluster

      NGC 5281 (Centaure)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 32x (LVW 22 mm + barlow 2x apo)
    Maintenes Seron (Chili)


    La constellation de la Mouche, sous la Croix du Sud, abrite elle aussi quelques trésors cachés. A 25x la nébuleuse planétaire NGC 5189 ressemble à une petite nébulosité brillante et allongée, située à seulement 6'N d'une étoile de 7,19m.

    ngc 5189 planetary nebula

      NGC 5189 (Mouche)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 24x (WA 15mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    L’amas globulaire NGC 4372 ressemble à une faible tache nébuleuse dès 16x collée à une étoile de 6,6m. Cet amas globulaire apparaît dans le même champ que la brillante Gamma Muscae. Un ciel de qualité vous permettra d'apercevoir toujours dans le même champ, un grand chemin sombre très allongé (une nébuleuse obscure baptisée ''dark doodad'') qui s'étend au nord de NGC4372 en direction de NGC4833 sur près de 2°.

    ngc4372 globular cluster

    NGC 4372 (Mouche)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 16x (LVW 22 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    Ce dernier est aussi un amas globulaire. A 25x on distingue parfaitement son petit disque nébuleux collé à une étoile de 8,72m, située juste sur le bord nord de l'amas. Dans le même champ, la brillante Delta Muscae (3,61m) et sa voisine de 5,85m offrent un spectacle coloré très agréable, car la première est franchement jaune et la seconde bleutée.

    ngc 4833 globular cluster

    NGC 4833 (Mouche)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 16x (LVW 22 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    Dans la constellation du Paon je découvre à travers la lunette Takahashi FS 78 mm de Denis le bel amas globulaire NGC 6752 (5,4m - 20,4'). Cet objet est brillant, il présente une condensation centrale marquée et un halo à l'aspect granuleux.

    ngc 6752 globular clusterNGC 6752 (Paon)
    Lunette Takahashi FS78 mm à 45x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    Dès le début de soirée le Petit Nuage de Magellan (NGC 292) se détache sur l’horizon sud. Dans la L 60 mm, le Petit Nuage apparaît déjà riche en curiosités, plusieurs nébuleuses comme NGC 346 sont parfaitement visibles sans filtres. Le côté SO de cette galaxie étant plus large que l'autre, la galaxie prend la forme d'une virgule. Juste au nord du Petit Nuage de Magellan, on distingue un autre amas globulaire, c'est NGC362 (6,4m - 12,9'). Ce dernier apparaît brillant, il possède une région centrale marquée, mais il n'est pas résolu.

    ngc 362 globular clusterNGC 362 (Toucan)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    A moins de 3° de cette galaxie on perçoit le splendide amas globulaire 47 Toucan (NGC 104) bien visible à l’œil nu comme une étoile. NGC104 (4,0m - 30') est l'amas globulaire le plus spectaculaire après Omega du Centaure. Il commence déjà à dévoiler quelques étoiles en périphérie avec la 60mm à 50x et son noyau apparaît extrêmement lumineux et compact.

    ngc 104 globular clusterNGC 104 "47 Toucan" (Toucan)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)


    Par contre il faut attendre le milieu de nuit pour voir se lever le grand Nuage de Magellan. Ses levers me restent graver dans la mémoire car ils sont très spectaculaires, surtout depuis notre site où cette galaxie apparaît dans un creux de montagne. Cet objet est réellement très lumineux, et sa taille est impressionnante, si bien que le premier soir on a cru que la lueur visible dans ce creux était celle d’une ville! Le grand nuage de Magellan est une cible idéale pour tout type d’instrument. Sa longue barre diffuse regorge d’objets diverses, amas, nébuleuse, ici ils sont légions. Même s’ils apparaissent petits dans ma 60 mm, ils sont très nombreux à se révéler sans filtres. Encore un objet magnifique!

    Le Grand Nuage de Magellan (LMC) - photo argentique, téléobjectif Tamron de 210 mm


    Dans la constellation de la Dorade qui abrite le Grand Nuage se trouve également quelques galaxies intéressantes. Un petit groupe a attiré mon attention, celui de NGC 1553. A 47x NGC 1553 est bien visible, elle présente une forme ovalisée et son noyau apparaît très lumineux. Sur son bord NO on devine une faible étoile de 11,77m. NGC 1549 semble moins brillante, ronde, et plus petite que sa voisine. Toutes deux apparaissent alors dans le même champ.

    ngc 1553 and 1549 galaxies

    NGC 1553 et NGC 1549 - galaxies dans la Dorade
    Lunette de 60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron

    A faible grossissement, si votre champ dépasse 1°, le duo se transforme en trio avec NGC 1566. Cette dernière présente une surface homogène et sa forme demeure difficile à définir. Une très faible étoile de 12,2m peut être perçue sous un bon ciel collée au bord E de la galaxie, à ne pas confondre avec une supernova !

    ngc 1566 galaxy

    NGC 1566 (Toucan)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)


    Pour finir, je n’ai pas résisté à me balader dans le sculpteur qui passe à ces latitudes très haut dans le ciel. Et voici une belle galaxie: NGC 55. Cette galaxie surprend par sa taille importante et le fort étirement de son disque dans le sens ESE/ONO. Dans la lunette de 60 mm on note un détail intéressant: Le noyau de la galaxie est fortement décentré. Original!

    ngc 55 galaxy

    NGC 55 (Sculpteur)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 16x (LVW 22 mm)
    Maintenes Seron (Chili)


    Non seulement le ciel austral regorge d'objets intéressants à observer, mais de nombreux autres sujets d'observation qui apparaissent bas sur l'horizon chez nous transitent haut dans le ciel chilien. C'est le cas des objets des constellations du Sagittaire et du Scorpion comme les belles nébuleuses M8 et M20.

    Le centre galactique avec les nébuleuse M8 et M20 et le nuage d'étoiles M24 - photo argentique, téléobjectif Tamron de 210 mm

    Situé juste sous la queue du Scorpion, l'amas globulaire NGC 6388 (6,9m - 10,4') n'est pas visible depuis la France métropolitaine, il passe juste sous l'horizon sud lorsqu'il transite au méridien. Je n'ai donc pas manqué de lui rendre visite. Il présente une condensation centrale très contrastée entourée d'un halo diffus non résolu.

    ngc6388 globular clusterNGC 6388 (Scorpion)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    Juste à gauche de la queue du Scorpion, dans la constellation de la Couronne Australe, se trouve un autre amas globulaire intéressant mais trop bas pour pouvoir être étudié depuis chez nous, il s'agit de NGC 6541 (6,3m - 13,1'). Cet amas possède une région centrale assez contrastée et il apparaît bordé d'une étoile de 10,5m. Qu'il est plaisant de découvrir un ciel entièrement nouveau, j'ai l'impression de revivre les découvertes des illustres arpenteurs du ciel profond d’antan, cartographiant nuit après nuit ces lointaines lueurs diffuses jamais observées auparavant. Me voilà sur les pas des astronomes James Dunlop ou John Herschel, décrivant et dessinant ces mystérieuses taches floues qui tapissent le ciel de l'autre bout du monde.

    ngc 6541 globular clusterNGC 6541 (Couronne Australe)
    Lunette Takahashi FS60 mm à 47x (WA 15 mm)
    Maintenes Seron (Chili)

    En dehors du ciel profond je suis marqué par la présence dans le ciel, chaque soir, de la lumière zodiacale. Il s’agit de poussières du système solaire éclairées par le Soleil, qui sont réparties dans le plan de l’écliptique. Cette pâle lueur forme un cône qui s’étend de l’horizon nord ouest jusqu’au zénith, où elle disparaît à la croisée de la Voie Lactée, au niveau du Scorpion. C’est la première fois que moi et mes amis avons l’occasion de l’observer, et je pense que nous tenons là la preuve de la qualité du ciel dans ce pays ! Un autre élément ne trompe pas: Avec la L60 mm j’ai atteint la magnitude 12,5 sur du stellaire ! Un autre critère nous fait dire qu’ici c’est vraiment le paradis des astronomes: Nous sommes en hiver austral, et durant notre séjour nous n’avons eu que deux nuits nuageuses sur douze ! Clark et Manuella, les propriétaires de l’hacienda nous ont d’ailleurs prévenu à ce sujet: " Ici il ne pleut que 10 jours par ans !". La température à elle aussi du mal à nous faire croire que l’on est en hiver car il fait frais le matin et la nuit, mais l’après midi il peut faire assez chaud en plein soleil. D’ailleurs la nature retranscrit bien la douceur ambiante car dans le jardin de l’hacienda les orangers sont chargés de fruits bien mûrs et les papillons butinent paisiblement les plantes en fleurs.

    Parmi les attraits du Chili il y a donc le ciel, fantastique, mais il est aussi possible de faire du tourisme. La région du Petit Nord regorge de coin à découvrir: Les paysages montagneux somptueux visibles depuis les petits chemins de terre partant de la vallée de la rivière Hurtado ...Évidemment sur les routes d'altitude qui mène jusqu'à 3000 mètres il fait beaucoup plus frais, mais quelle vue !

    (photo de Jean-Luc Pugliesi)

    (photo de Jean-Luc Pugliesi)

    ... la station balnéaire de la Serena et ses grandes plages de sables fins, les rues commerçantes de Coquimbo...

     La place de Coquimbo, tout près de la Serena

     La baie de la Serena avec les Andes en arrière plan

    ... les mines de lapiz lazuli à Andacollo, charmante petite ville perdue dans les Andes, le site préhistorique de Pichasca avec ses troncs d’arbres pétrifiés et sa grotte troglodytique ...

     Dans les environs del monumento natural de Pichasca ont été retrouvés des ossements d'un dinosaure sauropode répondant au nom d' Antarctosaure. Il vivait durant la période du crétacé tardif, il y a 75 millions d'années.

    Une caverne de Pichasca servit d'abri à des hommes de la préhistoire il y a près de 8000 ans !

     ... la vallée de Pisco del Elqui où est confectionné l’alcool du même nom (ha! les apéros près de la cheminée à l’hacienda…), ou encore les observatoires. Malheureusement nous nous y sommes pris trop tard pour la réservation des visites et il vaut mieux s’y prendre trois ou quatre mois à l’avance ! Nous nous sommes donc contentés d’observer les coupoles de loin. A tout cela s’ajoute l’extrême gentillesse des chiliens, ce sont des gens formidables, d’une grande simplicité et d’une amabilité à toute épreuve. Vous connaissez un bureau de poste où lorsqu’on achète des timbres on repart avec un kilo d’orange et le sourire de la postière, ravie d’avoir fait plaisir! Le climat de sécurité et de bien être qui en découle rendent le voyage très décontracté et au combien agréable ! Bref, des souvenirs inoubliables qui ne donnent qu’une envie: Y retourner. Vive le Chili !!!


    annexe: Voici le site de l'hacienda los Andes:

    www.haciendalosandes.com/

     

     

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