• Week-end astro orageux au pied du massif du Montdenier

    Depuis le week-end de l'ascension la météo n'a pas été fabuleuse, le ciel est souvent resté couvert avec des voiles nuageux empêchant des observations astronomiques de qualité. Et pour ce week-end de nouvelle Lune du 6 juillet la météo ne déroge pas à cette règle calamiteuse, une fois de plus les prévisions annoncées sont maussades. Franchement nous avons droit à un drôle de début d'été ... Nous décidons malgré tout de tenter le coup, avec les amis nous nous rendons dans le Verdon, au pied du massif du Montdenier, afin d'essayer de profiter de ce week-end sans Lune propice aux explorations du ciel profond. Mais devant l'incertitude d'avoir du beau temps, nous avons décidé de voyager léger et de mon côté c'est une nouvelle fois le Nexstar 8 SE qui est de sortie.

    Je ne sais pas ce que donneront les observations astronomiques ce soir, par contre les paysages croisés sur la route sont vraiment sublimes, rien que pour eux le déplacement valait le coup !

    En ce début de mois de juillet le plateau de Valensole est splendide, il est paré de champs de lavandes très colorés et odorants qui attirent de nombreux touristes.

    La récolte de la lavande se déroulent généralement entre le 10 et le 15 juillet, de ce fait la période allant de fin à juin à début juillet constitue le moment idéal pour visiter le plateau et profiter du spectacle.

    Question beautés naturelles, les abords des montagnes du Montdenier ne sont pas en reste. Au pied du massif s'étend la forêt domaniale où les champs de blé et de lavandes se mêlent aux bois de pins noirs d'Autriche. Ces arbres ont été plantés en nombre durant la seconde moitié du 19ème siècle pour lutter contre l'érosion des sols.

    Arrivés sur site le vendredi après-midi, nous constatons que le ciel est partiellement voilé mais il reste quand même de larges pans de ciel clair nous laissant espérer de pour observer. Cela nous encourage à installer le matériel astronomique. Les copains eux sont en mode astrophoto.

    De mon côté le Nexstar 8 SE est très vite installé, cet instrument est un vrai bonheur à utiliser ! On plante le trépied, on règle l'horizontalité, on fixe le tube et c'est prêt. A la tombée de la nuit, on rentre l'heure et la date, on aligne sur deux étoiles pour paramétrer le go to et le télescope est prêt à pointer automatiquement les objets célestes demandés tout en compensant la rotation terrestre grace à sa motorisation. C'est simple, efficace et très confortable pour les observations.

    Les lueurs du jour s'éternisent et la nuit noire se fait attendre. En cette saison il faut être très patient avant de pouvoir commencer les observations. Ce soir il va falloir composer avec les nuages et viser des cibles situées au niveau des trouées, du coup il m'est compliqué de suivre le programme que j'avais établi à l'avance.

    Le secteur de la constellation d'Ophiucus semble épargné par les nébulosités, donc je commence par orienter le télescope dans ce coin là. J'ai bien envie de tenter de détailler la galaxie NGC 6384 (10,4m - 6,2'x4,1'), une spirale méconnue, peu contrastée, plutôt photogénique, mais qui demeure généralement peu flatteuse visuellement. A l'oculaire je la distingue sans trop de mal, au premier abord elle se révèle comme une nuée diffuse, pâle et ovalisée dans le sens NE/SO. En passant à 160x puis à 222x la galaxie demeure bien visible, elle apparaît encadrée par trois étoiles de 13,8m, 14,1m et 14,2m. Son disque galactique comporte une région centrale plus brillante et étirée dans le sens NE/SO elle aussi. Cette condensation lumineuse semble former une courte barre dans laquelle je ne distingue pas vraiment de noyau. Je décide de rester sur cette galaxie un moment pour essayer d'extirper quelques détails supplémentaires. A plusieurs reprises je devine en vision décalée la présence d'une bribe de spire très pâle, elle est perçue comme une portion détachée du disque galactique.

    ngc 6384 galaxy

    NGC 6384 - Galaxie dans Ophiucus
    Télescope Celestron Nexstar de 203 mm à 222x (Baader Morpheus 9 mm)
    Montdenier (04)

    Pendant que je dessine la galaxie NGC 6384, je lance le Vespera vers les "Dentelles du Cygne" histoire d'immortaliser ce grand rémanent de supernova avec le filtre dual band (filtre combinant Ha et OIII). Malgré la possibilité d'agrandir le champ photographié grace au  mode "mosaic" du Vespera, je ne parviens à cadrer que la grande Dentelles, celle qui est répertoriée sous les références NGC 6992, NGC 6995 et IC 1340. Avec les passages de nuages je n'ai pu accumuler que 28 minutes de pose, c'est peu pour cet objet, d'autant plus que le Vespera n'a pas pu finir la mosaïque, mais le résultat est déjà sympa. Il faudra que je revienne sur cet objet avec de meilleures conditions météo. Situés à 2400 années-lumière, les rémanents filamenteux des Dentelles sont les vestiges d'une étoile massive arrivée en fin de vie et qui a explosé en supernova il y a près de 40 000 ans.

     

    NGC 6992-5 "les Dentelles du Cygne" - Rémanent de supernova dans le Cygne
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 172 images et 28:40 mn de pose
    Montdenier (04)

    Le ciel devient malheureusement de plus en plus nuageux, les fenêtres de ciel clair commencent à se faire rares. Je tente de faire un dernier dessin avant que la météo s'empire et comme la moitié haute de la constellation d'Ophiucus est toujours dégagée je me dis que çà pourrait être intéressant d'aller jeter un coup d’œil à la belle nébuleuse planétaire de l’Émeraude, NGC 6572 (8,1m - 15"). Cet objet très lumineux est facilement identifiable, même sans filtre, elle apparaît légèrement bleutée. A 160x elle se montre comme un petit disque nébuleux brillant et étiré dans le sens N/S. A 500x NGC 6572 est magnifique, la bulle centrale présente une bordure renforcée et les extensions latérales paraissent irrégulières. L’extension sud se révèle légèrement incurvée et celle au nord montre une extrémité dédoublée. Voilà une observation très intéressante, je ne m'attendais pas à voir autant de détails ! La bonne stabilité de l'atmosphère, le suivi motorisé qui permet de bien se concentrer sur la cible sans avoir à gérer la dérive due à la rotation de la Terre, la bonne optique du C8 et l'expérience ont fait la différence, comme quoi on en voit des choses dans un télescope de 200 mm !

    ngc6572 planetary nebula

    NGC 6572 - Nébuleuse planétaire dans Ophiucus
    Télescope Celestron Nexstar de 203 mm à 500x (Lacerta UWAN 4 mm)
    Montdenier (04)

    Mais ce qui devait arriver arriva, le temps vire à l'orage et les portions de ciel clair s’amenuisent comme une peau de chagrin. Malheureusement la soirée d'observation tourne court et nous sommes contraints de ranger le matériel. Purée, nous regrettons la Namibie et son ciel dantesque, et dire que nous y étions il y a tout juste un an ! Le lendemain nous n'aurons pas plus de chance avec la météo, le ciel est resté très largement couvert, nous avons même eu droit à de la pluie, ce qui nous a bien entendu empêché de réaliser de nouvelles observations astronomiques. Reste que nous avons partagé de bons moments de convivialité autour de la table. Parmi les discussions nous avons notamment évoqué nos prochaines sorties "astro", en croisant les doigts pour que nous puissions cette fois profiter d'un vrai temps estival !

     

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