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53ème RAGBR : l'espoir fait vivre
Voilà venu le temps de nos 53ème rencontres astronomiques à Rians. Et une nouvelle fois le mauvais menace, cela devient vraiment usant à force ... Les prévisions météo des uns et des autres se contredisent mais il réside peut être un espoir d'éclaircie en milieu de nuit. Nous nous raccrochons à ce mince soupçon d'optimisme pour trouver en nous la motivation de prendre la route. Au moment de quitter Marseille je me demande si ce n'est pas plutôt un soupçon de folie qui nous anime car dehors il pleut !! Nous avons même droit à une superbe arc-en-ciel sur Marseille.
Souvent on dit qu'un arc en ciel çà porte bonheur (on en a besoin!), en tout cas celui-ci est vraiment beau. Un arc secondaire se forme mais il reste plutôt discret, par contre je note assez facilement la présence d'un arc surnuméraire.
L'arc surnuméraire apparaît sous l'arc principal comme un dédoublement de l'étalage de couleur.
Plus j'avance sur le trajet et plus le temps devient maussade, la pluie s'intensifie, le Soleil décline et il se met à faire très sombre, bref ce n'est pas la joie ...
A mon arrivée sur le site je découvre les amis sur le chemin boueux en train de pousser la voiture à Vincent coincée dans une ornière... Dans nos têtes résonne une phrase lancinante : mais qu'est-ce qu'on fait là !
Et puis du fond du désespoir surgit une lumière : la pluie s'arrête ! Je mets le nez hors de la voiture et surprise, il ne fait pas vraiment froid, c'est tout à fait supportable. Il n'en faut pas moins pour nous remotiver, nous sortons tables, chaises et victuailles. On ne sait pas si l'on pourra voir les étoiles ce soir mais ce qui est sûr c'est que l'apéro aura lieu !
Les discussions vont bon train autour d'un très bon Pisco chilien déniché par notre padawan Florian. Voilà qui remonte le moral de la troupe et nous fait oublier un instant notre terrain détrempé, nous voilà transportés dans le désert de l'Atacama avec ces milliers d'étoiles et son taux d'humidité de 10% !
Le rêve devient réalité lorsque vers l'est une large trouée fait son apparition. Puis l'éclaircie se généralise et nous encourage à monter les instruments.
Mon Dobson de 381 mm dans sa nouvelle monture Canopus est prêt pour son baptème.
Malheureusement, une fois les télescopes installés et collimatés les nuages rappliquent et couvrent tout le ciel. La poisse ... Mais le temps de retourner à table pour déguster les desserts qui nous attendent le ciel se dégage à nouveau, et totalement cette fois-ci ! Les choses sérieuses peuvent commencer.
Jupiter brille devant les étoiles des Gémeaux.
Premières cibles pour moi : M81 et M82, les belles galaxies de la Grande Ourse. Puis je passe au somptueux amas ouvert M37 du cocher, en visant ces objets je me familiarise avec les mouvements de ma nouvelle monture Sumerian Optics Canopus. Denis lui a pointé la supernova SN J02215 dans la galaxie NGC 890 (11,4m - 2,5'x1,7') de la constellation du Triangle. Dans le 450 mm de Denis la galaxie est parfaitement visible, elle présente un noyau lumineux et non ponctuel. La supernova est localisée au nord-ouest du noyau, on la perçoit comme un minuscule point de 15,0m en vision décalée. Une chouette observation !
NGC 890 et SN J02215 - galaxie et supernova dans le Triangle
Télescope Canopus de 450 mm à 145x (Ethos de 13 mm)
Rians la Verdière (83)Vers l'est un banc de brume se forme et commence à envahir une bonne partie du ciel. Ce n'est pas une bonne chose pour la vision des objets du ciel profond, par contre ce rideau homogène apporte une grande stabilité aux images, la turbulence se fige. Nous comprenons qu'il est temps de viser Jupiter et effectivement, le disque de la planète apparaît bien tranché et ses bandes se révèlent fines et détaillées. On distingue même sur l'une d'elle la petite ombre d'Europe.
Jupiter avec de gauche à droite : Callisto, Io, Europe et Ganymède
Télescope Canopus de 381 mm à 171x (Ethos de 10 mm)
Rians la Verdière (83Ce moment de grâce atmosphérique va durer une vingtaine de minutes, nous en profitons au maximum. Au fil des minutes passées à l’oculaire je me rends compte que Jupiter diffuse de plus en plus de lumière, je jette un coup d’œil au miroir secondaire de mon 381 mm, le voilà complètement embué ... Mon télescope est hors service, le 450 mm de Denis ne tarde pas à subir le même sort. C'est vraiment fatiguant cette humidité. Je comptais sur la résistance chauffante fixée derrière le secondaire pour le protéger mais visiblement cela ne suffit pas, il faudra trouver une autre solution.
Le Dobson de 300 mm de Vincent avec son tube fermé tient par contre le coup. De ce fait nous nous rassemblons autour de lui pour tenter un dernier challenge : essayer de voir la nébuleuse de la tête de cheval (Barnard 33). Avec un oculaire grand champ et un filtre H-bêta nous la recherchons dans les environs de l'étoile Alnitak d'Orion. Vincent décale le champ de vision en plaçant l'éclatante étoile sur le bord inférieur du champ de l'oculaire. Au sud d'Alnitak (au dessus de l'étoile dans le Dobson) s'étend une vague nébulosité étirée, il s'agit de IC 434. La nébulosité est marquée d'une petite tache sombre à mi course de sa longueur, il s'agit de la tête de cheval ! Bien entendu aucune forme n'est reconnaissable mais cette encoche sombre est bien visible. Une fois repérée, nous parvenons même à la retrouver sans filtre ! Challenge relevé !
Il est 1h30 du matin, nous n'avons pas vu passer le temps et il est l'heure de prendre le chemin du retour. Malgré des conditions difficiles (une fois de plus!) nous avons pu nous délecter de belles images et partager de bons moments entre amis passionnés et c'est bien là l'essentiel !
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Tags : RAGBR, SN J02215, NGC 890, arc en ciel, rainbow, Jupiter sketch, Jupiter dessin
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