• Le Poil 2018 : Un peu d'astro dans cet hiver interminable

    L'hiver n'en finit plus cette année et les astronomes sont désormais vraiment en manque d'étoiles ! Les occasions d'observer se font tellement rares qu'on en oublierait presque la couleur de nos télescopes ... Malgré la grisaille et les intempéries notre petit groupe des RAGBR se retrouve une nouvelle fois dans la Provence profonde avec l'espoir de pouvoir profiter de la nouvelle Lune du mois de mars pour explorer les beautés de l'Univers lointain. Mais la partie n'est pas gagnée d'avance car la météo prévue s'annonce une fois de plus bien maussade, il nous aura donc fallu une grosse dose d'optimisme et de motivation pour charger les voitures de tout notre encombrant matériel d'observation alors que nous ne sommes pas du tout sûr qu'il pourra servir ... Et de l'optimisme il va nous en falloir car notre week-end astro commence sous la neige !

    Évidemment la grisaille nous fait râler, mais il faut bien avouer que la neige offre toujours un spectacle réjouissant. Les paysages couverts de leur manteau blanc prennent une aspect inhabituel, dehors le calme règne, tout est extrêmement paisible. Il faut en profiter et une petite balade s'improvise !

    Nous cheminons en direction du village abandonné du Poil. Le sentier nous fait contourner le massif rocheux du Chastelar qui culmine à 1278 mètres d'altitude. A son pied s'écoule le torrent tumultueux du Clavion.

    Depuis 2002, l'association Lis Amis dou Peu (Les amis du Poil) travaille à la restauration des ruines et à l'entretien des chemins. Même si une partie du village est toujours en ruine, certaines bâtisses sont déjà parfaitement restaurées.

    De retour au gîte nous savourons un repas bien mérité, au menu de délicieuses sarcives qui nous rappellent avec bonheur les saveurs découvertes lors de notre voyages à l'île de la Réunion en 2016.

     

    Caroline qui s'est joint à nous pour la première fois nous a réservé une belle surprise, un somptueux gâteau décoré à l'effigie de la célèbre nébuleuse d'Orion (M42). Notre amie qui est passionnée d'astrophotographie devrait également s'essayer au dessin astronomique car elle paraît assez douée en la matière !

    L'après midi nous surveillons fébrilement l'aspect du ciel, quelques éclaircies apparaissent de temps en temps ce qui nous laisse tout de même un peu d'espoir d'observer le soir venu. Malgré le temps incertain nous décidons d'installer nos télescopes au cas où.

    Certains d'entre nous comptent sur le beau temps pour pouvoir tester du nouveau matériel, c'est mon cas avec ma belle table équatoriale motorisée fabriquée par Sud Dobson. Elle va dorénavant supporter mon fidèle Dobson Canopus de 381 mm.

    C'est aussi le cas de Gilles qui pose ici avec son tout nouveau Dobson de 400 mm également fabriqué par Sud Dobson. La tradition chez les astronomes amateurs veut que l'on disent que s'il fait mauvais c'est justement parce qu'on a acheté du nouveau matériel, on se languit tellement de l'essayer que çà porte la poisse ... Vu la rudesse de l’hiver on doit certainement être nombreux à avoir acheté du matériel ces derniers mois dans notre pays !

    La nuit commence à tomber et les télescopes sont prêts pour l'observation. Malheureusement le ciel est toujours moutonneux ...

    Nous pouvons passer à table sans regretter de rater le début de nuit puisqu'il est impossible d'observer quoi que se soit. Mais quelques heures plus tard une trouée inespérée fait son apparition et les plus motivés sortent rejoindre les instruments afin d'exploiter cette fenêtre de ciel clair.

    Comme le ciel n'est pas très transparent je décide d'observer une objet facile que j'affectionne tout particulièrement car j'ai la chance d'en être le découvreur, il s'agit de l'amas ouvert Ferrero 10 de la Licorne. Il englobe une vingtaine d'étoiles dont les plus brillantes sont jeunes et chaudes de type B9 ou A0. La disposition de ses composantes principales rappelle la forme de la lettre grecque lambda, elles sont réparties sur près de 10' d'arc . Notons qu'il figure dans le très réputé Interstellarum Deepsky Atlas page 60 sous le nom "Frr 10" et qu'il était déjà visible dans mon chercheur 9x60 mm.

    ferrero 10 open cluster

    Ferrero 10 -  Amas ouvert dans la Licorne
    Télescope Sumerian Optics de 381 mm à 171x (Ethos 10 mm)
    Le Poil (04)

    Malheureusement l'embellie ne se prolonge pas et plutôt que de patienter à l'extérieur dans le froid nous retournons au gîte en attendant la prochaine amélioration. Celle-ci tarde à arriver, alors nous prenons le temps de visionner notre petit film souvenir du voyage au Chili de 2015. Ce petit instant de nostalgie nous a agréablement fait passer le temps en attendant que le rideau nuageux passe. En jetant un coup d’œil à l''extérieur nous découvrons que la voute céleste apparaît désormais parfaitement étoilée. Nous nous empressons de rejoindre les instruments pour en profiter.

    Je continue à explorer la constellation de la Licorne et vise maintenant une nébuleuse planétaire proche de Ferrero 10, il s'agit de NGC 2346 (11,9m - 52"). Autour de son étoile centrale brillante (V651 de 11,1m) je distingue un petit halo nébuleux dès 85x. A 285x avec un filtre UHC le disque diffus devient plus structuré. En effet, un anneau fin et ovalisé apparaît dans la région centrale de la bulle gazeuse, tandis qu'en périphérie je distingue deux extensions pâles qui confèrent à la nébuleuse un étirement dans le sens nord-sud. Les bordures des extensions me semblent légèrement renforcées, de ce fait la structure générale de NGC 2346 ressemble à deux "U" entrelacés. Une vision assez intéressante que j'ai le temps de bien détailler grace à la table équatoriale qui fait parfaitement son travail en maintenant durablement l'objet dans le champ de vision.

    ngc 2346 planetary nebula

    NGC 2346 -  Nébuleuse planétaire dans la Licorne
    Télescope Sumerian Optics de 381 mm à 285x (Ethos 6 mm + UHC)
    Le Poil (04)

    J'enchaîne en pointant une autre nébuleuse planétaire : NGC 4361 dans le Corbeau. Alors que je monte en grossissement pour l'étudier en détail, les nuages font leur retour et ils dégradent progressivement la vision jusqu'à faire complètement disparaître l'objet. La poisse ..!

    Voilà une soirée d'observation qui prend fin prématurément, nous n'aurons pas eu le temps de voir grand chose, c'est dommage ... Mais il faut rester philosophe, la nature a été privée d'eau durant des mois l'été dernier, et la longue période froide et humide que nous connaissons actuellement fait certainement partie d'un équilibre général.

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